Issu du Département de la défense américaine et repris ensuite par toute la communauté SGML, le modèle OASIS Tables est maintenant adapté à XML. Il est principalement utilisé chez les éditeurs et pour la documentation technique. Sa structure est peu différente de celle des tableaux HTML, qui s'en est beaucoup inspiré.
Son avenir ? Si les notions de colonnes (col et colgroup) et de têtières (thead et tfoot) sont implémentées dans les outils XML, ce modèle pourra sans problème disparaître au profit du modèle de HTML. Dans l'attente, les bases de documents structurées avec OASIS Tables pourront continuer à exister, la conversion vers HTML étant triviale.
Le tableau fait partie des constructeurs indispensables pour augmenter la capacité d’expression du discours écrit : support à la communication. Son intérêt est de mettre en relation des idées dans un but de clarté et de concision. Discursif, le tableau s’appuie sur une spatialisation de l’information sur un espace bidimensionnel constitué par la page (ou par toute autre sorte de "fenêtre"), dès lors que l’information est consultée de façon électronique. Les idées émises pèsent alors le poids relatif que leur confère leur position relative dans le tableau.
Dans le discours écrit, le tableau apparaît toujours juxtaposé au texte il trouve sa place entre des paragraphes. Cette juxtaposition est spécifique et ne relève pas de l’illustration (comme l’image ou le graphique) ; elle relève beaucoup plus d’une coopération avec le mode textuel. Le tableau n’est pas autosuffisant ; il nécessite très souvent le mode textuel pour expliquer les données que lui-même présente.
Typologie des structures tableaux
D’un point de vue pratique, l’utilisation d’une structuration de l’information sous forme de tableau(x) répond à différents objectifs :
Les tableaux peuvent donc être utilisés, d’une part, pour représenter, de façon ergonomique et lisible, des données fortement structurées par elles-mêmes et, d’autre part, pour supporter un mode discursif de l’expression écrite. En conséquence, il convient d’adapter la terminologie pour différencier ces modes d’usage relatifs aux "tableaux à structure de contenu" de ceux à "structure libre".
Le tableau a parfois une valeur graphique intrinsèque qui ne dépend pas d’un quelconque modèle de données, mais beaucoup plus des intentions de l’auteur. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les sémantiques sous-jacentes, si elles existent, ne soient pas utiles. Cela veut simplement dire qu’il est nécessaire de prendre en compte, dans les formats de codage textuels, cette double nature des sources d’information représentées par les tableaux. Cette prise en compte pourra alors être réalisée au niveau du codage des données elles–mêmes - pour les structures "libres" - ou au niveau des spécifications de présentation des données, pour les "structures de contenu".
Avec ses feuilles de styles FOSI, la communauté CALS a très bien compris cette idée de double nature de l’information tabulaire. Le même concept est également repris dans XSL et l'avait été, auparavant, dans DSSSL. En effet, grâce à ces technologies, des constructeurs graphiques génériques de création de tableaux sont utilisables lors de la définition des feuilles de styles. Ils s’appuient sur les notions de colonnes, de lignes et de cellules. Charge alors au concepteur d’une feuille de styles particulière d’utiliser ces constructeurs pour "mettre en tableau" des structures de contenu ou pour les appliquer à des structures "libres", saisies sous forme de tableau dès l’origine.
Fonctionnalités et formats de codage des tableaux à structure "libre"
Tous les modèles utilisés par les communautés SGML puis XML ont un ensemble de caractéristiques communes. Leur objectif est toujours de proposer un codage de données permettant d’émuler les informations nécessaires à un système générique de composition de tableaux. Les fonctionnalités sont essentiellement graphiques, calquées sur la façon dont sont actuellement utilisés les tableaux sur un support exclusivement papier. Parmi celles–ci, on distingue :
D’un point de vue plus structurel, un tableau comporte un titre et un ensemble de sous-tableaux, pour définir un tableau de tête, un corps et, parfois, un tableau de fin.
Un sous-tableau comporte :
Cellule simple | Cellule simple | |
cellule s’étendant sur trois colonnes en largeur | ||
cellule s’étendant sur deux lignes et deux colonnes, en hauteur et largeur | ||
Cellule s’étendant sur deux lignes en hauteur | ||
Le format de tableaux OASIS Open
Le modèle du Consortium est une simplification et une amélioration du modèle CALS. Son propos est de rendre ce dernier modèle plus adéquat à l’échange d’informations documentaires saisies sous forme tabulaires, tout en garantissant la représentation des données saisies avec différents outils en environnement hétérogène. Proposé début 1996 pour SGML, il existe aujourd'hui adapté à XML. Son utilisation est généralisée dans toute l'industrie et dans beaucoup de secteurs de l'édition.
Le modèle de tableaux proposé est actuellement certainement le modèle le plus utilisé par la communauté SGML et, de façon plus générale, dans les applications traitant de documents structurés XML (bon nombre d'applications SGML ont maintenant migré sur XML). Il est reconnu et repris dans toute la documentation technique du Département de la défense américaine, mais aussi par beaucoup de DTD industrielles sectorielles, comme celles de l’aéronautique civile (DTD ATA – Air Transport Association), de l’aéronautique militaire européenne (AECMA), des constructeurs de matériels informatiques (DocBook), de l’industrie automobile (J2008), des constructeurs de matériaux semi-conducteurs (Pinnacles) ou encore des télécommunications (Telecom/Technical Interchange Markup – TIM). Les éditeurs et, notamment, les éditeurs de logiciels, lorsqu’ils intègrent un modèle de tableau, utilisent très souvent ce modèle.
Ces tableaux "libres" sont bidimensionnels et contiennent des lignes et des colonnes. Des règles de formatage de base sont proposées à tous les niveaux : colonnes, lignes et cellules, ensemble du tableau. Ces règles s’intéressent aussi bien aux contenus (alignements) qu’aux filets d’encadrement.
D’un point de vue structurel, la structure proposée est hiérarchisée. Une table contient un titre et le contenu du tableau lui-même :
D’un point de vue graphique, des fonctionnalités sont proposées, au niveau des cellules, pour mettre en place :
À de rares exceptions près, ces fonctionnalités sont largement suffisantes pour la plupart des documentations techniques et, plus généralement, pour les tableaux à structure libre. C’est ce qui participe à l’acceptation généralisée de ce modèle. En revanche, les utilisateurs d'HTML reprocheront à ce modèle la pauvreté des types de filets et des couleurs de fonds... ceci est certainement lié à cet héritage qui nous vient du monde de la documentation technique à qui l'on doit la création de ce modèle. Quoi qu'il en soit, ce modèle ne se définit pas comme étant un modèle de création de structures de pages : seulement de "tableaux libres".